Se faire plaisir en achetant une paire de chaussures New Balance, ne pas résister à ce smartphone aux lignes épurées et aux mille fonctions, céder à l’appel de cette berline allemande robuste et sportive, … Nous avons tous cédé a des envies plus ou moins onéreuses. Mais alors, est-ce interdit de se faire plaisir ? Non. Le seul moyen de se débarrasser d’une tentation est d’y céder, disait Oscar Wilde. Cependant, notre inconscient dissimule parfois derrière ces envies, des revendications bien plus fondamentales.
Je vais vous guider à travers une odyssée au cœur de vos besoins. Au menu de cette trilogie : conscientiser, comprendre et élucider. Et les solutions ? On verra comment les grands mentors de la thérapie brève et de la PNL comme Virginia SATIR et Robert DILTS ont mis au point des protocoles « confrontants ». Et pourquoi pas vous proposer un détour par le recul et la sagesse de la philosophie bouddhiste ? On ne va pas s’en priver. Vous découvrirez aussi un protocole de changement : le protocole du plongeur en 10 paliers. Même si vous ne savez pas nager ! Inutile de chercher ce protocole sur Google.
Des situations simples et parfois plus confuses !
Si derrière l’envie de déguster ces boules de Berlin se cache tout simplement l’épicurisme et la recherche de sensations gustatives exquises, élucider un besoin n’est pas toujours si simple. Cas de coaching :
après s’être mariée, Marie, une femme active de 24 ans, très mince et sportive décide un beau jour d’une manière inattendue de prendre du poids « pour profiter de la vie » et parce que « les formes reviennent à la mode », dit-elle. Ses copines s’étonnent un peu de ce comportement curieux. D’où vient cette envie saugrenue ? Une hypothèse serait d’explorer l’origine de cette envie. Dans le cas de Marie, elle n’a pas conscientisé qu’un besoin plus profond et inconscient de plaire à son mari stagne au plus profond d’elle. Elle l’a vu plusieurs fois se rapprocher d’une collègue de travail bien en chair. Dans ce scénario, savoir distinguer le besoin profond de l’envie est nécessaire avant tout processus de changement. Mais explorer la partie immergée de l’iceberg de nos envies, est-ce possible ? Comment ?
Quelques définitions
Vous allez comprendre. Le célèbre constructeur de voiture de luxe Aston Martin a acquis ses lettres de noblesse grâce à a la série de films James Bond. S’il est vrai qu’un client peut invoquer des critères comme le luxe, la sportivité et le design, derrière l’envie (impayable pour moi !) se cache peut-être le besoin de reconnaissance…
Pour éviter la frustration, on cède. Cet objet de luxe génère un sentiment d’appartenance à une caste, mais ne comble pas un besoin profond d’appartenir à un groupe et de s’y sentir reconnu. C’est un sparadrap sur une plaie profonde.
C’est quoi un besoin ? Les besoins sont des exigences de l’être humain pour son équilibre. Manger et boire sont des besoins. L’estime et la reconnaissance sont deux autres exemples. Les besoins sont généralement des valeurs universelles. Chez tous les êtres humains, on rencontre aussi bien le besoin d’être aimé que de manger !
William GLASSER, psychanalyste, met en avant les 5 besoins fondamentaux de l’être humain dans sa
Théorie du Choix (1986). Il avance que chaque être est conscient que la liberté de faire des choix est nécessaire pour devenir un être responsable. A chaque instant, un individu adopte un comportement adéquat motivé par cinq besoins :
- Survie
- Amour
- Liberté (comprenez choisir ses activités)
- Appartenance
- Plaisir et Pouvoir (comprenez agir sur son futur)
Il y a des kilomètres de littérature qui explorent la cause de ce qui met l’humain en mouvement : les besoins. Si vous désirez renforcer vos connaissances, un point de départ abordable est la Pyramide de MASLOW (1943).
C’est quoi une envie ? Les envies sont le plus souvent des moyens de combler imparfaitement les besoins. Nous voyons souvent ces envies comme des sources de motivation alors que ce sont les besoins qui sont les véritables générateurs de motivation. Par ailleurs, l’envie peut être associée à la convoitise. De là émergent des émotions négatives. Voici un exemple : l’envie d’un avancement justifiée par plus de responsabilités, peut cacher un besoin de reconnaissance ou d’accomplissement de soi. La problématique est que si ce besoin n’est pas comblé, c’est la frustration qui prend le relais. Et ce sentiment peut être chronique. L’envie est une baignoire ayant une fuite : on sait s’y laver, mais pas longtemps. Il faut à nouveau la remplir. L’envie est donc compensatoire, donc imparfaite. Reprenons l’exemple précédent :
La demande de promotion (l’envie de plus de responsabilités) est peut-être est reliée à un besoin réel d’estime. Tôt ou tard, le besoin réel frappe à la porte et cette stratégie est souvent inconsciente. Pourquoi ? Parce que notre inconscient n’a pas d’autres solutions dans sa trousse à habitudes saines. Une autre envie surgit…
Il arrive que la satisfaction d’une envie ne comble pas le besoin réel. Il est nécessaire de trouver des solutions, des choix qui permettent de satisfaire réellement les vrais besoins. Mais avant cela, il faut s’en rendre compte !
Les addictions, donc la dépendance immodérée (par exemple à l’alcool) entraînant des conduites compulsives sortent de mon propos. Certains protocoles abordés peuvent cependant aider à conscientiser la problématique.
Premier outil : CONSCIENTISER en plongeant sous l’iceberg de nos envies
La prise de conscience est une étape incontournable pour initier le changement. Elle peut avoir lieu individuellement ou être soutenue par un coach ou un thérapeute:
- Accidentellement, la vie et son chapelet d’expériences provoquent un déclic, un électrochoc qui induit une prise de conscience. Certaines personnes (peut-être vous, cher lecteur.trice) s’intéressent au fonctionnement de leur psychè. Elles ont une perception accrue de leur état émotionnel, elles sont capables de lever la tête du guidon de leur vie et disposent d’une autonomie suffisante pour entamer un processus de changement.
- Parfois, nous avons besoin de l’intervention d’un coach ou d’un thérapeute. Son rôle est de plonger sous l’iceberg avec le client/patient afin de mettre à la lumière la partie immergée. Le thérapeute utilise des techniques comme l’hypnose ou la PNL pour permettre à la personne de conscientiser des besoins refoulés…
Plonger sous nos envies demande parfois l’énergie et le courage de faire face à nos « envies de surface ». Et pour vous aider, développer les capacités suivantes est inévitable afin de mettre à jour l’intention positive de l’envie:
- Identifier les comportements récurrents, qui procurent un apaisement temporaire :« Je vois que vais souvent dans cette boutique » ; « J’ai envie de suivre aussi cette formation, après celle-ci » « il faut que je parte au moins deux fois par an en vacance » ; «J’ai les moyens de changer de voiture souvent parce que j’aime la mécanique » ; « Pas moyen de trouver un régime qui fonctionne. Je finirai bien par trouver… » ; « Pierre et Elise ont eu leur promotion, et moi j’attends depuis deux ans… »,…
Quel est l’enchaînement neurologique qui génère l’envie ? (exemple : je vois cette publicité pour BMW, et je me vois la conduire, je vois mes collègues me regarder, je me dis que c’est la voiture qui
correspond à mon caractère sportif et dynamique je me sens fier et heureux…). Apprenez à retenir vos stratégies internes; celles qui génèrent l’envie. Vous aller apprendre à mieux vous connaître !
- Je me pose ces questions :
- De quoi ai-je envie à cet instant ? Est-ce que j’ai déjà vécu cela ?
- Quelle émotion suis-je en train de vivre ? (je la nomme). A quoi est-ce que je pense ? Est-ce que j’éprouve de la jalousie de ne pas être comme… Ou de ne pas avoir cet objet comme…?
- Qu’est-ce que j’aurai en plus après avoir cédé à cela ? Qu’est-ce qui est important ?
Que se passe-t-il si je ne cède pas ? Quel est le désavantage de ne pas céder à l’envie ? - Je prends un moment pour plonger sous l’iceberg : est-ce qu’il n’y a pas là-derrière un besoin fondamental : Est-ce un besoin de reconnaissance par les autres ? Est-ce un besoin d’identité (de spiritualité, de connexion,..) ? Est-ce un besoin de sécurité ? Est-ce un besoin d’amour ? Un besoin de plaisir, de liberté, d’autonomie ?
Combler cette envie va-t-elle permettre d’assouvir ce besoin profond ? Soyez authentique avec vous-même. Et remerciez-vous. C’est important de vous respecter !
Après la prise de conscience, vous aller découvrir pourquoi Il arrive que notre inconscient n’ait pas de stratégie adhoc, pas de choix écologique. La solution comportementale ne comble pas le besoin, elle ne procure que des bénéfices apaisants… Nous sommes parfois des êtres « mono-solution ». A bientôt pour découvrir comment cheminer vers l’attitude « multi-solutions ».
Claudio FUSINI, formateur à l’Ecole Royale des Sous-Officiers
Bonjour,
Merci pour cet article.
Qu’en est-il de la « non-envie »? Quel(s) besoin(s) se cache(nt) derrière elle ?
Quand j’ai une petite envie de qqch, ne serait-ce que de sortir de chez moi, je me sens « en vie ».
Si l’envie est la non-satisfaction d’un besoin non comblé, quand j’ai envie de confiture de fraises plutôt que d’abricots, quel serait le besoin caché derrière ?
Bonjour Mary,
Merci de porter un intérêt à nos articles. Je constate également que nous aimons les mêmes confitures.
Assouvir un caprice (une envie passagère et soudaine), ou un désir de plaisir (ah cette confiture, c’est une tuerie !) n’est pas une envie, si ceux-ci sont écologiques pour vous et votre entourage.
L’envie est un antidouleur : il ne guérit pas la pathologie. Comme je l’écris et je le montre par des cas de coaching et des expériences personnelles, un faux besoin se manifeste par au moins TROIS indicateurs, qui constituent des avertissements (métaphoriquement, un feu orange clignotant). Récurrence/répétition du comportement, satisfaction partielle, qui provoque une satisfaction cosmétique. Souvent envie rime avec jalousie, convoitise d’un bien, d’une qualité . Conscientiser cela est une étape vers le changement. Encore un exemple pour la route? Monsieur achète au moins 2 chemises estampillées d’un logo célèbre par mois. Lorsqu’on lui demande pourquoi il n’achète pas une sous-marque offrant une étoffe de même qualité, il décline et se retranche derrière des arguments fallacieux. La question à se poser : qu’est-ce qui n’est pas comblé là-derrière? Identité ? Appartenance ? Etc.
Encore une question ? N’hésitez pas et à bientôt pour d’autre articles, qui je l’espère vous intéresseront
Claudio
Merci beaucoup pour votre réponse à la seconde partie de ma question, je prends note de la différence que vous faites entre envie et caprice. Avez-vous des pistes pour la première qui est : qu’en est-il de la « non-envie » ? Quels besoins se cachent derrière ?
Bonjour Mary,
La question au sujet de la « non-envie » vaut la peine de s’y pencher et demande une bonne réflexion. Ce qui suit n’est qu’une ébauche qui ne demande qu’un débat contradictoire.
Si c’était simple on pourrait tenir le raisonnement suivant : si parfois derrière mes envies, il y au besoin caché, alors derrière une non-envie, il y a parfois un non-besoin et donc l’individu est « comblé ». Euh, cela me rappelle un peu mes cours de logique, çà ! L’humain est souvent plus complexe.
Je vois deux illustrations, au premier abord :
(a) Je n’ai pas envie (non-envie) d’aller voir mon amie, alors que j’ai toujours eu envie. Pourquoi ?
(b) Je n’ai pas envie d’aller au Portugal, et je n’ai jamais eu envie…
Dans le cas (b), on peut mettre en évidence les critères-valeurs propres à chaque individu. On sait que ce sont grâce à eux (ou à cause) que nous décidons d’un comportement, que nous allons vers une solution ou que l’on s’éloigne d’un problème, etc. Le cas (b) est plus subtil. Il faut peut-être piocher dans les mécanismes de défense de l’individu inconscients et involontaires, ou à une cause conscientisée…
bonjour
pourriez vous me donner quelques renseignement svp ?
Bonjour,
Je peux au moins essayer!
Claudio